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CHAPEAUX, COIFFES, BIBIS, et AUTRES COUVRE-CHEFS


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lundi 22 mai 2017

COMME des CERFS-VOLANTS...

A l'issue de l'édition Quilt en Sud 2015, Pascale Goldenberg (www.guldusi.com) est venue me trouver : "on ne sait pas de quoi demain sera fait... mais choisis 15 broderies sur mon stand, je pense que tu pourrais les intégrer à tes travaux, ne t'en fais pas, tu nous les paieras au fur et à mesure de tes ventes" (enfin, elle m'a dit quelque chose comme ça...). J'ai accueilli sa proposition avec une énorme émotion : ces travaux de broderie  et son projet sont tellement magnifiques !!!!

Parmi ces broderies de soie Hazara, aux motifs abstraits, j'ai choisi des travaux de même forme (losange) et de même taille.

La question s'est d'emblée posée de concentrer, sur un tout petit bibi, l'énorme distance qui sépare les brodeuses Afghanes de l'objet final à la destination festive et si légère : distance entre le tchador et les cheveux décorés, distance entre réclusion et séduction, entre urgence vitale et frivolité, entre un quotidien
dramatique et insécure et une confortable insouciance...


J'ai cru pendant plus d'un an que je n'y arriverais pas. Mais Raxia, Marzia, Masume, Rashana, Karime étaient installées à mes côtés avec leurs broderies si fines et précieuses, conservant intacte leur charge émotive.

Et puis, suspendus aux murs de mon atelier, ces losanges sont devenus des cerfs-volants... C'est alors seulement que j'ai réussi à les travailler, à oser en approcher mes ciseaux !!!

Dans des échantillons de soie d'ameublement, j'ai découpé des semis de fleurs. J'avais aussi dans l'idée de mettre des nuages, de la pluie, des éclairs et des cerfs-volants...



Après un premier essai un peu trop "tristouille", j'ai gardé les nuages, l'orage et la pluie pour une autre fois et j'ai décidé de rêver plutôt de sable, soleil et jeux : j'ai fabriqué des cerfs-volants comme des vrais, en les tendant sur de toutes petites baguettes de bambou, avec des noeuds sur une longue queue en fil de pêche. Je les ai doublés de soie assortie et perchés sur du bois flotté













J'ai fait voler beaucoup de cerfs-volants sur la plage. C'est là que je ramasse mes bois flottés : il y en a de magnifiques. J'aime ceux qui ne sont pas trop grands et que je peux intégrer à mes coiffes : que la seule mise en perspective donne de la préciosité à ce rebut, m'intéresse.













Quand pascale m'a demandé pourquoi ce bois mort, je me suis rendu-compte qu'en plus de rimer avec tchador, il m'évoquait l'exil, la vulnérabilité, la misère, la précarité la sècheresse... Elle m'a dit que pour le quotidien des femmes, là-bas, cette denrée était rarissime et donc précieuse !!!













Les cerfs-volants de broderie ont volé si haut (jusqu'à nous), avec leurs voilettes devant nos yeux, qu'ils se sont pris dans les branches et ont fait refleurir le bois mort...













































J'ai essayé de faire de ces bibis des choses précieuses avec du peu et j'espère avoir traité la proposition de pascale avec cohérence. Il y a dans ce travail plus que je ne sais l'exprimer : celles à qui il est destiné le ressentiront.